Malgré l’heure matinale, les
voyageurs se pressaient déjà autour des portes de l’Orient- Express. Et pas n’importe
quels voyageurs… Des demi-mondaines couvertes de somptueuse fourrures, bien qu’on
ne soit qu’au mois de septembre, des femmes qui ressemblaient à des stars de cinéma, d’autres
enfin dont l’élégance raffinée montrait clairement qu’elles
appartenaient à des milieux influents. Les hommes qui les accompagnaient
avaient tous des allures de banquiers cossus : costumes noirs finement
rayé de blanc, chapeau mou et lourde chaine de montre en or accrochée, bien en
évidence, à leur gousset. […]
Avant de rejoindre son compartiment, Audrey ne put résister à l’envie de
jeter un coup d’œil au wagon- restaurant. Avec ses parois couvertes de bois
marqueté, ses hautes glaces biseautées et ses accessoires en cuivre
parfaitement astiqués, celui- ci ressemblait plus à une luxueuse salle à manger
qu’à l’intérieur d’un train. Quant au compartiment qui leur était réservé, avec
ses parois de bois et ses lourds rideaux grenat, on aurait dit une bonbonnière.
Quand vint l’heure du repas, Audrey et Charles se rendirent au
wagon-restaurant où on leur servit un repas princier.
Pour commencer, le serveur leur apporta de
délicieux hors-d’œuvre et, comme ils mourraient de faim, ils dévorèrent une
quantité énorme de toasts au saumon fumé. Puis ils eurent droit à du caviar et
Charles en profita pour expliquer à
Audrey que cette précieuse denrée était conservée dans des wagons
frigorifiques, un progrès tout récent… Le caviar fut servi d’asperges à la
sauce hollandaise, de crevettes et d’un gigot d’agneau. Comme dessert, on leur
servi des profiteroles, nappées de
chocolat chaud. Si bien que lorsqu’on leur apporta les cafés viennois, Audrey
avoua à Charles qu’elle avait l’impression de n’avoir jamais aussi bien mangé
de sa vie.
Danielle STEEL, La
vagabonde
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