Entre ces aventures, nos baignades dans le Lot, la pêche aux écrevisses,
l’exploration des grottes du coteau, préhistoriques et peuplées de
chauves-souris, et les répétitions de la pièce de théâtre que nous montions
chaque été pour le plus grand amusement de la population, je n’étais jamais à
la maison. Maman se désolait de me voir passer mon temps à « courir »,
au lieu de rester dans le jardin fleuri à jouer gentiment avec mes amies, et
Papa se mettait dans des colères terribles, car j’arrivais systématiquement en
retard aux repas. Tremblantes, je promettais de ne plus recommencer, mais c’était
plus fort que moi : sitôt dehors, j’oubliais mes promesses. Bridée toute l’année,
j’étais ivrede liberté, on avait beau me menacer et me punir, je ne pouvais rien :
la vie était trop passionnante, je ne voulais pas en perdre une miette.
C’est à Trintal qu’ont éclos tous mes rêves, c’est là, loin de la
grisaille parisienne et de la morale étriquée de la bonne société du septième
arrondissement, que j’ai appris le bonheur.
Kenizé Mourad, Le jardin de Badalpour ( p 58 )
RépondreSupprimerLes rêves jaillissent n'importe où pour ceux qui sont attentifs à leurs murmures
J'ai aimé surtout l'expression : " j'ai appris le bonheur "
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