jeudi 12 mai 2016

Les plus belles figures de rhétorique dans " Ce que le jour doit à la nuit "






     * J’étais la fête, j’étais la joie, j’étais l’extase dans son ivresse absolue ; je me sentais mourir et renaître en même temps. (Chap.10)
         
     * Les rayons du soleil tombaient droit, pareils à une coulée de plomb. Dans le ciel lustral, des mouettes voltigeaient, ivres d’espaces et de liberté. De temps à autre elle piquait sur les flots, se pourchassaient en rase-mottes  puis remontaient en flèches se confondre dans la toile azurée. Très loin un chalutier regagnait son port, une nuée d’oiseaux dans son sillage ; la pêche était bonne. 
              
   C’était une belle journée.
  Une dame solitaire contemplait l’horizon, assise sous un parasol. Elle portait un vaste   chapeau enrubanné de rouge et des lunettes de soleil. Son maillot blanc collait à son corps bronzé comme une seconde peau… (Chap.10)
    
     * Je l’avais revue quelques jours plus tard, sur l’avenue principale de Rio. Elle sortait d’une boutique, son chapeau blanc telle une couronne sur son beau visage. (Chap.10)
           
   * Une petite mèche frétilla sur son front ; elle la releva d’une main élégante, comme si elle soulevait une tenture sur sa propre splendeur. (chap.13)
       
   *  Elle portait un tailleur gris qui l’enserrait telle une camisole, comme pour interdire à son corps euphorique de se jeter nu dans la rue, et un chapeau garni de bleuets qu’elle tenait imperceptiblement incliné sur son regard orageux. (Chap.13)

   * Sa voix avait la douceur d’une source de montagne. Elle avait prononcé «  monsieur Jonas » exactement de la même manière que sa mère, en appuyant sur les « s », produisant le même effet sur moi, remuant les mêmes fibres… (Chap.13)

   *  Un éclair illumina les ténèbres. La pluie tombait doucement. Les carreaux étaient en larmes. Je n’avais pas l’habitude de voir pleurer les vitres. C’était un mauvais signe, le pire de tous. Je m’étais alors dit : Attention, Younes, tu es en train de t’attendrir sur ton sort. Et puis après ? N’était-ce pas exactement ce je voyais : les vitres pleurer ? Je voulais voir les larmes sur les carreaux, m’attendrir sur mon sort, me faire violence, me confondre corps et âme avec ma peine. (Chap.15)

*  J’étais l’amour et la haine ficelés dans un même ballot, captifs d’une même camisole. (Chap.17)
   
   * Maintenant qu’elle se tenait à un mètre de moi, je remarquai qu’elle avait changé, que sa beauté d’autrefois s’était rétractée, qu’elle n’était que l’ombre d’une époque, une veuve inconsolable qui  avait décidé de se laisser aller, la vie lui avait pris ce qu’elle ne saurait lui rendre. Tout de suite je pris conscience de mon erreur. Je n’étais pas le bienvenu. Je n’étais qu’un couteau dans la plaie. (Chap.17)

  * J’étais amer comme une racine de Laurier-rose, renfrogné et furieux contre quelque chose que je ne tenais pas à définir. (Chap.17)

  * Son visage était un morceau d’airain, un miroir aveugle. Je n’arrivais pas à croire qu’elle puisse m’accueillir avec une telle insensibilité. […] J’étais resté planté sur le trottoir, interdit de la tête aux pieds, et l’avais regardé sortir de ma vie comme une âme jumelle trop à l’étroit dans mon corps pour s’en accommoder. (AIX-EN –PROVENCE)

    * A quatre-vingts ans, notre avenir est derrière. Devant, il n’y a que le passé. […]   Je n’arrive pas à fermer l’œil. Essaye de ne penser à rien. Etreins les oreillers, me couche sur le flanc droit, sur le flan gauche, sur le dos. Je suis malheureux. (…) Je suis aux portes de la mémoire, ces infinies bobines de rushes qui nous archivent, ces grands tiroirs obscurs où sont stockés les héros ordinaires que nous avons été. Je ferme les yeux pour mettre fin à quelque chose, arrêter une histoire mille fois convoquée et mille fois falsifiée… Nos paupières nous deviennent des portes dérobées, closes, elles nous racontent ; ouvertes, elles donnent sur nous-mêmes. Nous sommes les otages de nos souvenirs. (AIX-EN –PROVENCE)

   *  Je ne suis qu’un regard qui court, court, court à travers les blancs de l’absence et la nudité des silences… (AIX- EN- PROVENCE)

   *  C’est comme si d’un coup, toutes les étoiles du ciel n’es faisaient qu’une, comme si la nuit, toute la nuit, venait d’entrer dans ma chambre pour veiller sur moi. Je sais que, désormais, là où j’irai, je dormirai en paix. (AIX- EN- PROVENCE)

                                      Yasmina Khadra, Ce que le jour doit à la nuit



4 commentaires:

  1. Un livre extraordinaire que j'ai lu plusieurs fois avec autant de plaisir!

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  2. En effet avec autant de plaisir !!!
    Et à chaque lecture une découverte ...

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  3. Avec plaisir Claudine !
    Bonne lecture !

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