L’homme, touché par la grâce de l’amour se met soudain à se préoccuper
du sort d’un autre être tout autant que du sien. Enfin, délivré du carcan de
l’égoïsme martien, il découvre la joie de donner sans rien attendre en retour
et de rendre heureux. La satisfaction de sa partenaire lui important autant,
sinon plus que la sienne propre, il devient capable d’accomplir par amour les
plus grands sacrifices. Le sourire de la femme de sa vie et son bonheur lui
donnent des ailes.
Alors que dans sa prime de jeunesse, la satisfaction de désirs matériels
égoïstes, suffisait à le combler, à mesure qu’il gagne en maturité, l’homme
aspire à des sensations plus élevées. Seul l’amour peut dorénavant lui apporter
le véritable contentement. Etre aimé, bien sûr, mais surtout, et avant tout
aimer.
La plupart des hommes cachent des trésors de tendresse. Ils meurent
d’envie de chérir une femme mais l’ignorent tout comme ils ignorent ce qu’ils
perdent à s’en abstenir, faute d’exemple paternel probant. Un homme qui n’a
jamais ou rarement, vu sa mère rayonner de bonheur sous l’effet des attentions
de son époux ne peut deviner le plaisir inégalable qu’apporte l’acte de donner.
En revanche, en cas d’échec sentimental, l’homme sera la proie des idées
noires et courra se terrer au plus profond de sa caverne. Ainsi protégé de tout
contact intime avec le monde extérieur hostile, il pourra ressasser en toute
quiétude ses malheurs. Dans ces moments, il ne pense plus qu’à lui et se ferme
aux autres. A quoi ces efforts riment-ils ? S’interroge-t-il avec amertume. Et à quoi sert de se donner tant de
mal pour des ingrates ? Il ne comprend pas que son indifférence et sa
rancœur résultent d’un sentiment d’inutilité. S’il rencontrait une personne qui
ait besoin de lui, il émergerait aussitôt de son état dépressif et retrouverait
sa joie de vivre.
Ce qui se passe dans la tête d’une femme lorsqu’elle tombe amoureuse
ressemble beaucoup à ce qu’à ressenti la Vénusienne qui, la première, a
pressenti l’arrivée des Martiens sur la planète : elle vit dans un rêve.
Son ancêtre avait eu la vision d’une flotte spatiale apparaissait à
l’horizon pour atterrir sur Vénus et
d’un homme grand, beau et jeune descendant de son vaisseau spatial et la
prenant dans ses bras. Elle devinait que l’inconnu saurait la chérir comme elle
aspirait à l’être et prendrait soin d’elle. A sa suite, toutes les autres
Vénusiennes se mirent elles aussi à
rêver de séduisants étrangers et oublièrent par enchantement le mal de vivre
qui les minait. Bientôt, elles ne seraient plus seules ! Bientôt, elles
seraient aimées !
De leur côté, les Martiens, totalement subjugués par la beauté et la culture des Vénusiennes, ne
demandaient pas mieux de se dévouer à elles corps et âme. Enfin leurs efforts,
leur courage et leur compétence étaient utiles ; ils leur permettaient de
plaire à ces êtres admirables et merveilleux, et peut-être même de les rendre
heureux. Cela leur parait un véritable miracle !
Malheureusement, malgré des millénaires de cohabitations avec les
descendantes de ces Vénusiennes, la plupart des hommes ignorent encore
l’importance que revêt pour une femme le fait de se sentir épaulée par
quelqu’un qui tient à elle. Pour être
heureuse, une femme doit sentir que ses besoins seront comblés, que si elle est
bouleversée, son compagnon demeurera à son côté pour la soutenir : en bref,
qu’elle n’est pas seule et qu’on l’aime. Et plus son partenaire acquiescera à
ses doutes, cherchera à comprendre ses angoisses et fera preuve de compassion,
plus elle appréciera l’assistance qu’il lui apporte et lui en sera
reconnaissante.
Les hommes le comprennent souvent mal car leurs instincts martiens, les
poussent à s’isoler quand ils sont contrariés. De ce fait, le premier mouvement
d’un homme qui voit sa femme soucieuse sera de la laisser seule, par respect.
Et s’il reste auprès d’elle, il risque d’ajouter encore à son malaise en
essayant à toute force de l’aider à résoudre ses problèmes. Il ne perçoit pas
de lui-même combien la simple présence d’un être cher et la possibilité de lui
raconter ses maux sont importantes pour elle. Elle a avant tout besoin d’une
oreille compatissante.
Exprimer ses sentiments lui permet de se détendre et de ramener ses
angoisses à des proportions normales. Elle reprend peu à peu sa confiance en elle :
oui elle mérite d’être aimée, oui, elle va l’être. Et puisqu’elle est digne de
l’amour de son partenaire, elle n’a nul besoin de s’épuiser comme elle le fait
à chercher à le gagner. Elle le mérite. Retrouvant son sourire, elle donne
moins d’elle-même, mais mieux, et aussitôt reçoit davantage.
John Gray, Les hommes viennent de
Mars, Les femmes viennent de Vénus
Extrait du chap.4, p 60,61,62,63
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