Le blé atteignait mes épaules, pourtant j’avais faim tous les jours et
j’avais faim toutes les nuits. Je ne comprenais déjà pas, mais je
m’en moquais : j’avais la chance d’être un enfant.
Lorsque le vol d’une libellule me faisait pousser des ailes et que mes
éclats de rire s’égouttaient dans le clapotis des fontaines, lorsque je courais
comme un fou parmi les fougères, quand bien même chaque foulée frondait mes
pas, je savais que j’étais né poète comme l’oiseau naît musicien, et à l’instar
de l’oiseau, il me manquait juste les mots pour le dire.
Aujourd’hui encore, je
ne comprends pas. Je marche à tâtons en pleine lumière. Mes lauriers
d’affranchi ne me sont qu’œillères. Mon regard de prophète ne retrouve plus de
repères. Peu fier de l’adulte que je suis devenu, je guette ma vieillesse
comme l’autre l’huissier puisque toute chose en ce monde ne me fait plus rêver.
Yasmina Khadra : L’automne des chimères
joliment écrit.
RépondreSupprimerbonne journée
arielle
En effet, Yasmina Khadra ne fait que nous charmer par son style.
RépondreSupprimerMerci beaucoup Arielle, pour la visite et le commentaire.
Je viens de découvrir votre blog... Très intéressant!
Bonne journée
Très beau texte...
RépondreSupprimerEn effet Marisa F. les textes de Yasmina Khadra sont très beaux.
SupprimerJe t'invite à découvrir l'extrait intitulé " C'est l'histoire d'une amitié à l'état brut "