jeudi 29 mai 2014
lundi 26 mai 2014
dimanche 25 mai 2014
jeudi 22 mai 2014
J'écris avec un poignet cerclé d'argent
Nous marchons un peu ensemble,
puis nous nous séparons, tous deux fâchés, presque sans un mot. Je le vois
s'éloigner sans but, avec désolation. Je traverse la rue et j'entre au
Printemps. Je me dirige vers le rayon des bijoux — colliers, bracelets, boucles
d'oreilles, qui me fascinent toujours. Je reste devant, comme une sauvage
éblouie. Scintillement. Améthyste. Turquoise. Coquillage rose. Marbre vert
d'Irlande. J'aimerais être nue et me couvrir de bijoux en cristal. Bijoux et
parfum. Je remarque deux bracelets d'acier, larges et plats. Des menottes. Je
suis l'esclave des bracelets. Ils sont vite autour de mes poignets. Je paie.
J'achète du rouge à lèvres, de la poudre, du vernis à ongles. Je ne pense pas à
Eduardo. Je vais chez le coiffeur où je peux rester assise, gelée. J'écris avec
un poignet cerclé d'acier.
Anais Nin, Henry et June - (Les
cahiers secrets) (Traduction de Béatrice Commengé, éd Stock )
dimanche 18 mai 2014
Les pétales dégradés
Dans un jardin élégamment fleuri,
Une main douce a délicatement touché
La tige fine légèrement penché !
Rose joliment couronnée de pétales dégradés
A la peau soyeuse finement parfumée !
Le soleil l’a discrètement teintée
Et dans son éclosion, ses sépales se sont
largement étoilés !
Majdouline Borchani
mercredi 14 mai 2014
Nous ne comprendrons jamais rien à ce qui est écrit avant de l'avoir vécu d'une manière ou d'une autre
Tout ce que l'on écrit n'est
finalement qu'une note en bas de page d'un écrit antérieur. Il n'existe qu'un
sujet: la vie, et la vie est toujours la même; un même rayonnement imprègne
l'univers tout entier et il n'émane d'aucun objet en particulier. Nos actes et
nos amours sont la répétition d'actes et d'amours passés, et c'est pourquoi,
dans un livre, nous trouverons toujours une réponse à certaines de nos
questions. L'ennui c'est que nous ne comprendrons jamais rien à ce qui est
écrit avant de l'avoir vécu d'une manière ou d'une autre.
Lucia Etxebarria, Béatriz et les
corps célestes
Le passé et le futur n'avaient aucune importance
J'aurais voulu rester ainsi, sans
parler, sans écouter les autres, retenant ce précieux moment pour toujours,
parce que nous étions tous paisibles, satisfaits, et même un peu somnolents
comme l'abeille qui bourdonnait autour de nous. Dans quelques instants, ce
serait différent ; demain viendrait, puis après-demain, puis l'année prochaine.
Et nous serions changés peut-être, nous ne nous retrouverions jamais plus assis
exactement ainsi. Les uns s'en iraient, ou seraient malades, ou mourraient ;
l'avenir s'étendait devant nous, inconnu, invisible, autre peut-être que ce que
nous désirions, que ce que nous prévoyions. Mais cet instant était assuré, on
ne pouvait pas y toucher. Nous étions assis ensemble, Maxim et moi, la main
dans la main, et le passé et le futur n'avaient aucune importance.
Daphné Du Maurier, Rebecca
mardi 13 mai 2014
Elle n'osa pas déranger le parfait ordonnancement des étagères
Petit à petit, la pièce rétrécit, jusqu'à ce que la voleuse
de livres puisse atteindre les livres à quelques pas. Elle passa le dos de la
main le long de la première étagère, écoutant le frottement de ses ongles
contre la moelle épinière de chaque volume. On aurait cru le son d'un
instrument de musique ou le rythme saccadé d'une fuite. Elle utilisa ensuite
les deux mains et fit la course entre les étagères. Et elle rit à gorge
déployée, d'un rire haut perché. Quand elle s'arrêta, un peu plus tard, elle
recula et resta plusieurs minutes au milieu de la pièce, le regard allant des
étagères à ses doigts et de ses doigts aux étagères.
Combien de livres avait-elle touchés?
Combien en avait-elle palpés?
Elle recommença alors, plus lentement,
cette fois, la paume des mains tournée vers les livres pour mieux sentir le dos
de chacun. C'était un toucher magique, de la beauté pure, tandis que des rais
de lumière brillante tombaient du lustre. A plusieurs reprises, elle faillit
prendre un volume, mais elle n'osa pas déranger le parfait ordonnancement des
étagères.
lundi 12 mai 2014
J'ai cru... J'ai cru...
Pendant des années j’ai fui, sans savoir ce que je fuyais.
J’ai cru que si je courais plus loin que l’horizon, les ombres du passé
s’écarteraient de ma route. J’ai cru que si je mettais assez de distance, les
voix dans ma tête se tairaient pour toujours.
La vie accorde à chacun de nous quelques rares moments de bonheur total. Ce
sont parfois des jours, parfois des semaines. Parfois même des années. Tout
dépend de la chance. Leur souvenir nous accompagne à jamais et se transforme en
une contrée de la mémoire où nous tentons de retourner le reste de notre
existence sans jamais y parvenir.
Carlos Ruiz Zafón, Marina
Le mystère de la fiction et du langage
- Jamais je ne m’étais sentie
prise, séduite et emportée par une histoire comme celle que racontait ce livre,
expliqua Clara. Pour moi, la lecture était une obligation, une sorte de tribut
à payer aux professeurs et aux précepteurs sans bien savoir pourquoi. Je ne
connaissais pas encore le plaisir de lire, d’ouvrir des portes et d’explorer
son âme, de s’abandonner à l’imagination, à la beauté et au mystère de la
fiction et du langage. Tout cela est né en moi avec ce roman. As-tu déjà
embrassé une fille, Daniel ?
Mon cervelet s’étrangla et ma
salive se transforma en sciure de bois.
- Bien sûr, tu es très jeune. Mais c’est la même
sensation, cette étincelle de l’inoubliable première fois. Ce monde est un
monde de ténèbres, Daniel, et la magie une chose rare. Ce livre m’a appris que
lire pouvait me faire vivre plus intensément, me rendre la vue que j’avais
perdue. Rien que pour ça, ce roman dont personne n’avait cure a changé ma vie.
Carlos Ruiz Zafon, L'ombre du vent
vendredi 9 mai 2014
Reine des fleurs
Epanouie, la rose se vante d’être belle
Et du mouvement
de ses pétales, elle forme une aile !
Tandis qu’elle commence à fleurir
La main ne peut s’empêcher de la cueillir !
Reine des fleurs, son silence est d’or
Et dans le jardin sa couleur est l’unique décor !
Les poètes l’ont chantée telle une merveille
Et Ronsard la célébrait dans sa robe au soleil !
Majdouline Borchani
mercredi 7 mai 2014
Le coquelicot et le vent
- « Fleur fragile, dit le vent, tu ne peux résister à ma
brise ! »
- « Je suis une fine fleur gracieuse et sur le rythme de ta brise je suis une souple valseuse,
répond le coquelicot. J’embellis les
champs tel un joli tapis et ma couleur rouge sang te séduit tant que je danse sur ma
tige velue ».
- « Belle danseuse,
ajoute le vent, les poètes ne t’auraient jamais admirée si je ne t’avais sifflé
mon air doux ! »
- « Doux vent, dit le coquelicot, mon parfum enivre les
abeilles chaque matin et mon grain de beauté sur mes fines pétales attire peintres, poètes et
écrivains !
Majdouline Borchani
samedi 3 mai 2014
La retrouvaille du temps perdu
« La vie accorde à chacun
de nous quelques rares moments de bonheur total. Ce sont parfois des jours,
parfois des semaines. Parfois même des années. Tout dépend de la chance. Leur
souvenir nous accompagne à jamais et se transforme en une contrée de la mémoire
où nous tentons de retourner le reste de notre existence. » Carlos Ruiz Zafón, Marina
Le 26 avril 2014, balade dans les Borjs mais aussi balade dans l’enfance.
Je revoyais la maison de mes grands-parents à travers les patios, les portes,
les fenêtres, les escaliers, le toit, les étagères, les horloges, les meubles… Il ne reste
que de vagues souvenirs… Les héritiers l’ont
vendue…
Je voyais et j’admirais cette vaste demeure imposante de ses murailles !
Ce Borj, ce nom arabo-sfaxien emprunté à
la forteresse !
Tout a commencé par le mot « El Borj » et me voilà conduite
vers le circuit culturel « SOS Borj en péril ».
Dès que j’ai franchi le seuil de la porte, je me suis vue dans ma
mémoire… Mes larmes ont coulé… J’ai vu mon passé revenir avec regret… Je me
suis attardée devant la fenêtre en fer forgé… Je l’ai admirée puis je l’ai
éternisée par mon appareil ! Non !!! Elle est déjà gravée dans l’appareil
photo de ma mémoire mais elle jaillit de nouveau comme si elle cherchait l’indice qui la transportait ailleurs…
J'étais fascinée par les
différents arcs de ce métal... Je voyais une énigme derrière chaque motif...
Chaque vitre raconte une vie... Chaque reflet est un voyage dans la mémoire...
En entrant dans le patio, l’étagère fixée au mur me rappelait celle de
mes grands-parents… une œuvre d’art que ma mère avait héritée de ses parents,
une pièce artistique que j’ai restaurée de mes propres mains afin de faire
renaître les motifs usés par le temps…
Etagère chez Borj Echaffai
Le tamis !
Décor au tamis chez Borj Rekik
Qui d’entre nous, ayant vécu au Borj, n’a pas de souvenirs avec les tamis ?
C’était le jour de « Fetlèn el aoula » ; toutes les
femmes se réunissaient, de bon matin, chacune avec son tamis, pour aider la
maîtresse de la maison à faire glisser tendrement les grains de semoule,
mélangés à l’eau salée, pour les transformer en couscous ou m’hamass. Durant
leur œuvre, les femmes s’échangeaient les histoires et se partageaient les
expériences…
Mes cousines et moi nous nous réjouissions quand on nous donnait un
tamis de couscous pour le verser sur le drap étalé sur la terrasse… C’était pour moi, un pur moment de bonheur
quand je caressais les petites boules en train de sécher sous le soleil…
Pendant mon parcours des Borjs,
je n’ai pas raté de monter les escaliers, Je marchais sur le toit et m’évadais dans le temps et dans l’espace… Je
me réjouissais d’être seule et libre…
comme je le faisais quand j’étais enfant…
Parcours nostalgique...
Voyage dans la mémoire...
Vie dans le passé...
Larmes au présent...
Retrouvaille du temps perdu !Majdouline Borchani
jeudi 1 mai 2014
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