Nous marchons un peu ensemble,
puis nous nous séparons, tous deux fâchés, presque sans un mot. Je le vois
s'éloigner sans but, avec désolation. Je traverse la rue et j'entre au
Printemps. Je me dirige vers le rayon des bijoux — colliers, bracelets, boucles
d'oreilles, qui me fascinent toujours. Je reste devant, comme une sauvage
éblouie. Scintillement. Améthyste. Turquoise. Coquillage rose. Marbre vert
d'Irlande. J'aimerais être nue et me couvrir de bijoux en cristal. Bijoux et
parfum. Je remarque deux bracelets d'acier, larges et plats. Des menottes. Je
suis l'esclave des bracelets. Ils sont vite autour de mes poignets. Je paie.
J'achète du rouge à lèvres, de la poudre, du vernis à ongles. Je ne pense pas à
Eduardo. Je vais chez le coiffeur où je peux rester assise, gelée. J'écris avec
un poignet cerclé d'acier.
Anais Nin, Henry et June - (Les
cahiers secrets) (Traduction de Béatrice Commengé, éd Stock )
C'est joli. J'ai aussi conservé un bracelet de ma mère,un bracelet d'ivoire ..Toute une belle histoire ..
RépondreSupprimerLes femmes,les mères, les filles, tant de tendresse et d'amour ..