Le 6 mars, à l’aube,
le général, Sir Colin Campbell, lance sur Lucknow un assaut qu’il espère
décisif. […]
Les combats sont
féroces. Quand les cipayes ont tiré, ils ne perdent pas de temps à recharger
mais lancent leurs fusils contre les Britanniques. […]
Dès son arrivée au
palis de Kaisarbagh, Jail Lal, couvert de poussière et de sang, est reçu par le
jeune roi et la Rajmata qui, devant la cour assemblée, lui expriment leur
reconnaissance. Tandis qu’à l’extérieur les canons ennemis continuent de
tonner, une cérémonie est improvisée au cours de laquelle Birjis Qadar remet en
grande pompe au rajah un splendide khilat brodé d’or et de perles. *
Tard dans la soirée,
Jai Lal et Hazrat Mahal se sont retrouvés dans la chambre de Mumtaz qui
communique par un étroit couloir avec elle de la bégum. […]
C’est une lente
cérémonie où tremblants ils se découvrent l’un à l’autre. Devant cet homme qui
se livre sans réserve, ce guerrier qui la contemple avec l’innocence et l’émerveillement
d’un adolescent, ses réticences et ses peurs s’évanouissent ; elle caresse
son corps robuste, se love langoureusement contre lui, pressant ses seins et
son ventre contre le sien, s’étonnant de son audace. Mais très vite, elle cesse
de se poser des questions, emportée dans un tourbillon où elle ne contrôle plus
rien, tête renversée, lèvres offertes, happée par un vent chaud, une mélopée
profonde, une lumière intense qui s’infiltre dans tout son corps qu’elle sent
grandir, lui échapper, et s’épanouir en un fulgurant éblouissement.
Chaque nuit, ils se
donnent l’un à l’autre passionnément, chaque nuit ils savent que c’est peut être
la dernière.
Kenizé
Mourad, Dans la ville d’or et d’argent
*Les décorations n’existaient pas. Le
souverain donnait des robes de cour ou des étoles d’une richesse inouie.
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