Les troupes du
général Campbell investissent méthodiquement la ville de Lucknow. Evitant les
rues hérissées de pièges et de barricades, elles progressent de maison en
maison, dynamitant les murs pour se frayer un passage et massacrant les
habitants qui n’ont pu fuir. […]
A partir du 9 mars,
les bombardements sur Kaisarbagh s’intensifient. A l’artillerie d’Outram, au
nord, se joignent désormais les canons de Campbell, au sud. Mais les cipayes
ont juré de défendre le siège du pouvoir et de donner leur vie pour le roi et
la Rajmata. […]
Cependant beaucoup
pensent que la place de la régente n’est pas à Kaisarbagh, en particulier les
quelques ministres encore au palais qui tentent de la convaincre de les accompagner
dans une demeure éloignée de la zones des combats. Mais Hazrat Mahal ne veut
rien entendre :
« Partez
Saheban, le roi et moi nous restons. Comment pourrions-nous abandonner ces
milliers d’hommes qui risquent leur vie pour nous ? »
Quant à Jai Lal, il
ne dit rien. Elle lui en est reconnaissante car elle sent bien à son regard
soucieux à quel point il s’inquiète pour elle ; mais il la connait assez
pour ne pas intervenir, il comprend qu’elle a besoin d’agir et de se sentir
utile. […]
Pendant deux jours
les bombardements ne cesseront pas. Les obus pleuvent de tous côtés. Jai Lal y
a échappé de peu, et c’est à grand-peine qu’il a obtenu qu’Hazrat Mahal et le
jeune roi restent au sous-sol.
Mais, à présent, les
forces ennemies se rapprochent de Kaisarbagh.
« Nous n’allons
plus pouvoir tenir longtemps, lui annonce un soir le rajah, le visage défait,
vous devez partir sans tarder pour le palais de Moussabagh.
-
Je veux rester à vos côtés !
-
Et mettre en danger le roi ? »
Elle tressaille.
« Mais vous… ?
-
Je vous rejoindrai très vite, je vous le promets. »
Longuement, il l’a
serrée dans ses bras.
« A bientôt,
ma djani ! Allez, je vous en prie, c’est le moment, il commence à faire
nuit, on ne doit pas vous voir quitter le palais. Une escorte vous attend, il n’y
a pas une minute à perdre. »
Moussabagh est une vaste résidence princière, située à quatre miles au nord de la ville, où autrefois la cour allait respirer l’air de la campagne. Pour ne pas attirer l’attention, la Rajmata, son fils et Mumtaz sont monté dans un simple doli*, précédé et suivi de soldats en tenus de paysans. Au moment de traverser le pont sur le Gomti, la main d’Hazrat Mahal s’est crispée sur le revolver que Jai Lal lui a donné et qu’elle a dissimulé sous son châle. Elle n’aura pas à s’en servir, ils atteindront le palis sans encombre.
Moussabagh est une vaste résidence princière, située à quatre miles au nord de la ville, où autrefois la cour allait respirer l’air de la campagne. Pour ne pas attirer l’attention, la Rajmata, son fils et Mumtaz sont monté dans un simple doli*, précédé et suivi de soldats en tenus de paysans. Au moment de traverser le pont sur le Gomti, la main d’Hazrat Mahal s’est crispée sur le revolver que Jai Lal lui a donné et qu’elle a dissimulé sous son châle. Elle n’aura pas à s’en servir, ils atteindront le palis sans encombre.
Le lendemain, Jai
Lal et ses quelques trois mille soldats, attaqués de tous côtés, seront
contraints de battre en retraite. Deux heures plus tard, Kaisarbagh est investi
par les Britanniques.
Leur prochain
objectif est Moussabagh.
Kenizé
Mourad, Dans la ville d’or et d’argent (p 393, 394, 395, 396 )
*Transport populaire, petite carriole tirée
par un cheval.
RépondreSupprimerUn livre plein de passions!
En effet Marie, toute l'oeuvre est passionnante ... Comme j'aurais aimé publier dans mon blog plusieurs textes ! Mais comme c'est pénible, j'essaie de choisir quelques extraits.
RépondreSupprimer