dimanche 9 août 2015

Dans la ville d’or et d’argent ( extrait 1 du chapitre 33 )




   De sa forteresse de Bithauli, Hazrat Mahal coordonne les attaques contre les Britanniques. Les combattants qui ont dû fuir Lucknow et ses environs sont tous venus se ranger sous la bannière royale, si bien que ses forces, celles de ses alliés et les redoutables troupes de maulvi Ahmadullah Shah atteignent désormais près de cent mille hommes. […]
   La nouvelle stratégie n’est pas d’affronter l’ennemi dans des batailles rangées mais de le harceler de tous côtés afin d’empêcher son autorité de s’établir et son administration de fonctionner.
   La Rajmata suit en cela les conseils donnés par Jai Lal avant leur séparation :
   « N’essayez jamais de combattre les troupes régulières britanniques, elles nous sont supérieures en armes et en discipline, mais épiez tous leurs mouvements, gardez les portes sur la rivière, interceptez leurs communications, leurs ravitaillement et leurs courriers, lancez sans cesse des attaques éclairs sur leurs camps, ne leur laisser pas un instant de répit. »
   Chaque soir, lorsqu’elle se retrouve seule dans sa chambre, Hazrat Mahal ouvre le médaillon que lui a donné son amant, le dernier soir. Elle scrute le beau visage aux traits marqués, du doigt elle suit délicatement le contour des sourcils arqués et des lèvres pleines, tout son être se tend vers lui. Elle sent… elle sait qu’il est vivant.
                                                        ***
   Tandis que devant elle son corps se contracte, elle s’inquiète tant pour lui qu’elle peut difficilement penser à autre chose. Quelques jours auparavant, en effet, un messager est venu lui annoncer que le rajah avait été fait prisonnier le 22 mars, dernier jour de la bataille de Lucknow, et que son procès avait commencé.
   [...]
   ... Jai Lal, mon amour...
   Elle fera tout pour le sauver.


Kenizé Mourad, Dans la ville d’or et d’argent (p 418, 419, 425 )

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