Pelotonnée sur un divan, elle continue de trembler, non plus de colère
mais de peur. Un sentiment étrange, semblable à celui qu’elle avait ressenti à
la mort de son père. Elle n’avait alors que douze ans et, sa mère étant décédée
à sa naissance, elle se retrouvait orpheline. Elle avait perdu le seul être qui
l’aimait et la protégeait, désormais elle était sans défenses.
Comme aujourd’hui… Mais que va-t-elle imaginer ? Aujourd’hui le roi
règne, il est jeune, en parfaite santé, elle est l’une de ses épouses, et,
surtout elle a un fils qui est le
portrait de son père.
Elle se rappelle les onze coups de canon qui ont accueilli sa naissance,
dix ans auparavant. Wajid Ali Shah était alors prince héritier et tout le
palais avait paru se réjouir de l’arrivée de ce gros bébé qui n’était que le
quatrième dans l’ordre de succession. Elevée à la position enviée de mère d’un
garçon, elle avait reçu le titre de « Nawab Hazrat Mahal », Sa Grâce Exaltée.
Elle, la petite orpheline… Allah lui en est témoin, elle vient de loin…
Aspirant lentement la fumée don narghilé de cristal, Hazrat Mahal, se
souvient…
Kenizé Mourad, Dans la ville d’or et d’argent
( A suivre...)
Des mots qui donnent envie de lire la suite!
RépondreSupprimerEn effet, Marie, le roman est très passionnant
RépondreSupprimerJ'ai publié trois extrait du chapitre 2