Une activité fébrile régnait de
toutes parts dans la salle des urgences,
où se croisaient des hordes de gens vêtus de blanc qui avaient l’air de se
déplacer avec la rigueur d’un ballet parfaitement agencé. Des infirmières et
trois médecins de garde vinrent au-devant de l’ambulance. Daphné fut
transportée immédiatement dans le
service des soins intensifs. On la déshabilla rapidement pour l’ausculter.
- Bassin fracturé… bras cassé…
déchirures aux deux jambes…
Une profonde blessure à la cuisse s’était mise à saigner abondamment. […]
- Vous pensez qu’elle a subi
un traumatisme crânien ? s’empressa de demander l’autre médecin, tandis qu’il
faisait l’intraveineuse.
Il acquiesça.
- Oui. Et même grave. […]
Les infirmières observaient en silence les deux médecins qui s’affairaient
autour de Daphnée. […]
Une demi-heure plus tard, Daphnée
fut transportée en salle d’opération, où les chirurgiens furent l’impossible
pour la sauver. […]
- Est-ce qu’on a regardé ses
papiers pour voir s’il y a quelqu’un à prévenir ?
L’infirmière était persuadée que, pour une femme d’une telle réputation,
il y aurait une foule de gens anxieux d’être à ses côtés, un mari, des enfants,
son agent de publicité, son éditeur, des amis importants. Pourtant elle savait
aussi, d’après des articles qu’elle avait lus auparavant, combien Daphné
défendait ardemment sa vie privée. Peu de gens savaient quelque chose d’elle.
- Je n’ai trouvé qu’un permis
de conduire, de la monnaie, des cartes de crédit et un rouge à lèvres.
- Je vais regarder de
nouveau. […]
- Elle vous impressionne n’est-ce
pas ?
Le jeune médecin la regardait, intrigué.
- C’est une femme extraordinaire et si intelligente !
Son regard se fit plus intense.
- Elle a donné du bonheur à
beaucoup de gens. Il y eu des moments…
Elle se sentait stupide de confier ainsi ses pensées, mais elle le
devait à cette femme qui luttait maintenant entre la vie et la mort.
- Elle a su me donner le goût
de vivre lorsque j’avais perdu tout espoir
C’était lorsque Elizabeth Watkins avait perdu son mari dans un accident
d’avion, et qu’elle avait voulu mourir aussi. Elle avait pris un congé d’un an
à l’hôpital, et s’était enfermée chez elle, en buvant pour oublier. Mais lorsqu’elle
avait découvert les romans de Daphné Fields, elle avait repris courage,
captivée par la détermination des personnages qui lui semblaient si proches d’elle.
Elle trouva, comme eux, la force de se battre. Grâce à Daphné, elle surmonta
son désespoir et reprit son métier à l’hôpital.
Danielle STEEL : Il était une fois l’amour
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