mardi 25 juin 2013

Il était une fois l’amour (Chapitre II, extrait 1)



  Une activité fébrile régnait de toutes  parts dans la salle des urgences, où se croisaient des hordes de gens vêtus de blanc qui avaient l’air de se déplacer avec la rigueur d’un ballet parfaitement agencé. Des infirmières et trois médecins de garde vinrent au-devant de l’ambulance. Daphné fut transportée  immédiatement dans le service des soins intensifs. On la déshabilla rapidement pour l’ausculter.
-      Bassin fracturé… bras cassé… déchirures aux deux jambes…
 Une profonde blessure à la cuisse s’était mise à saigner abondamment. […]
-     Vous pensez qu’elle a subi un traumatisme crânien ? s’empressa de demander l’autre médecin, tandis qu’il  faisait l’intraveineuse.
   Il acquiesça.
- Oui. Et même grave. […]
  Les infirmières observaient en silence les deux médecins qui s’affairaient autour de Daphnée.  […]
Une demi-heure plus tard, Daphnée fut transportée en salle d’opération, où les chirurgiens furent l’impossible pour la sauver. […]
-   Est-ce qu’on a regardé ses papiers pour voir s’il y a quelqu’un à prévenir ?
  L’infirmière était persuadée que, pour une femme d’une telle réputation, il y aurait une foule de gens anxieux d’être à ses côtés, un mari, des enfants, son agent de publicité, son éditeur, des amis importants. Pourtant elle savait aussi, d’après des articles qu’elle avait lus auparavant, combien Daphné défendait ardemment sa vie privée. Peu de gens savaient quelque chose d’elle.
-    Je n’ai trouvé qu’un permis de conduire, de la monnaie, des cartes de crédit et un rouge à lèvres.
-    Je vais regarder de nouveau. […]
-    Elle vous impressionne n’est-ce pas ?
   Le jeune médecin la regardait, intrigué.
-     C’est une femme extraordinaire  et si intelligente !
   Son regard se fit plus intense.
-   Elle a donné du bonheur à beaucoup de gens. Il y eu des moments…
  Elle se sentait stupide de confier ainsi ses pensées, mais elle le devait à cette femme qui luttait maintenant entre la vie et la mort.
-    Elle a su me donner le goût de vivre lorsque j’avais perdu tout espoir
   C’était lorsque Elizabeth Watkins avait perdu son mari dans un accident d’avion, et qu’elle avait voulu mourir aussi. Elle avait pris un congé d’un an à l’hôpital, et s’était enfermée chez elle, en buvant pour oublier. Mais lorsqu’elle avait découvert les romans de Daphné Fields, elle avait repris courage, captivée par la détermination des personnages qui lui semblaient si proches d’elle. Elle trouva, comme eux, la force de se battre. Grâce à Daphné, elle surmonta son désespoir et reprit son métier à l’hôpital.

            
                   Danielle STEEL : Il était une fois l’amour

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