J’ai vu la
violence aux quatre coins du monde. Je me souviens qu’une fois, au Liban, peu
après la guerre dévastatrice, je me promenais dans les ruines de Beyrouth avec
une amie, Söula Saad. Elle m’expliquait que sa ville avait déjà été détruite
sept fois. Je lui ai demandé, sur le ton de la plaisanterie, pourquoi ils ne
renonçaient pas à reconstruire, et ne s’en allaient pas ailleurs. « Parce
que c’est notre ville », a-t-elle répondu. « Parce que l’homme qui
n’honore pas la terre où sont enterrés ses ancêtres sera maudit à tout
jamais. »
L’être humain qui ne rend pas honneur à sa terre
se déshonore. Dans l’un des classiques mythes grecs de la création, un dieu,
furieux que Prométhée avait volé le feu et avait donné ainsi l’indépendance à
l’homme, envoie Pandore se marier avec son frère, Epiméthée. Pandore porte une
boîte, qu’il lui est interdit d’ouvrir. Cependant, comme il arrive à Eve dans
le mythe chrétien, sa curiosité est la plus forte : elle soulève le
couvercle pour voir ce que la boîte contient, et à ce moment, tous les maux du
monde en surgissent et se répandent sur la Terre.
Seul reste à l’intérieur l’Espoir.
Alors, même si tout dit le contraire, malgré
toute ma tristesse, ma sensation d’impuissance, même si en ce moment je suis
quasi convaincu que rien ne va s’arranger, je ne peux pas perdre la seule chose
qui me maintient en vie : l’espoir – ce mot qui a toujours suscité
l’ironie des pseudo-intellectuels, qui le considèrent comme synonyme de
tromperie ». Ce mot tellement manipulé par les gouvernements, qui
font des promesses en sachant qu’ils ne vont pas les accomplir, et déchirent
encore plus les cœurs. Très souvent ce mot est avec nous le matin, il est
blessé au cours de la journée, meurt à la tombée de la nuit mais ressuscite
avec l’aurore.
Oui, il existe le proverbe : « Contre
la force, il n’y a pas d’argument. »
Mais il existe aussi cet autre : « Tant
qu’il y a de la vie, il y a de l’espoir. » Et je le garde, tandis que je
regarde les montagnes enneigées à la frontière chinoise.
Extrait de "La boîte de Pandore" de Paulo Coelho
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