jeudi 29 mai 2014

Ta floraison silencieuse est une couronne



Incrusté de perles de pluie…



Te voilà fleurir avec tant d’émotions


Les feuilles pliées en éventail …
S’épanouissent dans leur éclosion !


Ta floraison silencieuse est une couronne
Et ton pollen  du printemps attire les papillons !

                            Majdouline Borchani




lundi 26 mai 2014

Le chardon solitaire



J’ai vu le pompon voltiger dans l’air
Je l’ai cru garnir  un col de fourrure !
Je l’ai vu bouger par terre
Je l’ai cru piquant tel un hérisson !
Je n’ai pas résisté à sa beauté…
Et au toucher, je l'ai trouvé un chardon séché !

                         Majdouline Borchani




















dimanche 25 mai 2014

Gazania, le soleil de la saison



   Sur le rythme d’une légère brise
      Danse la Gazania !
         Couleur dorée, pétales rayés
               Brillent sur un  ciel bleu !
                     Belle fleur  du printemps
                           C’est le soleil de la saison !


                                                      Majdouline Borchani



jeudi 22 mai 2014

J'écris avec un poignet cerclé d'argent


   Nous marchons un peu ensemble, puis nous nous séparons, tous deux fâchés, presque sans un mot. Je le vois s'éloigner sans but, avec désolation. Je traverse la rue et j'entre au Printemps. Je me dirige vers le rayon des bijoux — colliers, bracelets, boucles d'oreilles, qui me fascinent toujours. Je reste devant, comme une sauvage éblouie. Scintillement. Améthyste. Turquoise. Coquillage rose. Marbre vert d'Irlande. J'aimerais être nue et me couvrir de bijoux en cristal. Bijoux et parfum. Je remarque deux bracelets d'acier, larges et plats. Des menottes. Je suis l'esclave des bracelets. Ils sont vite autour de mes poignets. Je paie. J'achète du rouge à lèvres, de la poudre, du vernis à ongles. Je ne pense pas à Eduardo. Je vais chez le coiffeur où je peux rester assise, gelée. J'écris avec un poignet cerclé d'acier.


 Anais Nin, Henry et June - (Les cahiers secrets) (Traduction de Béatrice Commengé, éd Stock )


La beauté du paysage

                                               Photo prise par  Anna Heimkreiter




 « Je me demandais pourquoi les paysages sont tellement plus beaux quand on y est seul. »
                            Daphné Du Maurier



dimanche 18 mai 2014

Les pétales dégradés


Dans un jardin élégamment  fleuri,
Une main douce a délicatement touché
La tige fine légèrement penché !
Rose joliment couronnée de pétales dégradés
A la peau soyeuse  finement parfumée !
Le soleil l’a discrètement teintée
Et dans son éclosion, ses sépales  se sont largement étoilés !  

               Majdouline Borchani

mercredi 14 mai 2014

Conserver un souvenir dans un flacon


« - Si seulement on pouvait inventer quelque chose, dis-je vivement, qui conserve un souvenir dans un flacon, comme un parfum, et qui ne s'évapore, ne s'affadisse jamais. Quand on en aurait envie, on pourrait déboucher le flacon et on revivrait l'instant passé. »

                       Daphné du Maurier : Rebecca


Nous ne comprendrons jamais rien à ce qui est écrit avant de l'avoir vécu d'une manière ou d'une autre


   Tout ce que l'on écrit n'est finalement qu'une note en bas de page d'un écrit antérieur. Il n'existe qu'un sujet: la vie, et la vie est toujours la même; un même rayonnement imprègne l'univers tout entier et il n'émane d'aucun objet en particulier. Nos actes et nos amours sont la répétition d'actes et d'amours passés, et c'est pourquoi, dans un livre, nous trouverons toujours une réponse à certaines de nos questions. L'ennui c'est que nous ne comprendrons jamais rien à ce qui est écrit avant de l'avoir vécu d'une manière ou d'une autre.


                           Lucia Etxebarria, Béatriz et les corps célestes

Le passé et le futur n'avaient aucune importance


   J'aurais voulu rester ainsi, sans parler, sans écouter les autres, retenant ce précieux moment pour toujours, parce que nous étions tous paisibles, satisfaits, et même un peu somnolents comme l'abeille qui bourdonnait autour de nous. Dans quelques instants, ce serait différent ; demain viendrait, puis après-demain, puis l'année prochaine. Et nous serions changés peut-être, nous ne nous retrouverions jamais plus assis exactement ainsi. Les uns s'en iraient, ou seraient malades, ou mourraient ; l'avenir s'étendait devant nous, inconnu, invisible, autre peut-être que ce que nous désirions, que ce que nous prévoyions. Mais cet instant était assuré, on ne pouvait pas y toucher. Nous étions assis ensemble, Maxim et moi, la main dans la main, et le passé et le futur n'avaient aucune importance.


                          Daphné Du Maurier, Rebecca

mardi 13 mai 2014

Elle n'osa pas déranger le parfait ordonnancement des étagères


   Petit à petit, la pièce rétrécit, jusqu'à ce que la voleuse de livres puisse atteindre les livres à quelques pas. Elle passa le dos de la main le long de la première étagère, écoutant le frottement de ses ongles contre la moelle épinière de chaque volume. On aurait cru le son d'un instrument de musique ou le rythme saccadé d'une fuite. Elle utilisa ensuite les deux mains et fit la course entre les étagères. Et elle rit à gorge déployée, d'un rire haut perché. Quand elle s'arrêta, un peu plus tard, elle recula et resta plusieurs minutes au milieu de la pièce, le regard allant des étagères à ses doigts et de ses doigts aux étagères.

   Combien de livres avait-elle touchés?
   Combien en avait-elle palpés?
  Elle recommença alors, plus lentement, cette fois, la paume des mains tournée vers les livres pour mieux sentir le dos de chacun. C'était un toucher magique, de la beauté pure, tandis que des rais de lumière brillante tombaient du lustre. A plusieurs reprises, elle faillit prendre un volume, mais elle n'osa pas déranger le parfait ordonnancement des étagères.


                       Markus Zuzak, La voleuse de livres
  

lundi 12 mai 2014

J'ai cru... J'ai cru...


   Pendant des années j’ai fui, sans savoir ce que je fuyais. J’ai cru que si je courais plus loin que l’horizon, les ombres du passé s’écarteraient de ma route. J’ai cru que si je mettais assez de distance, les voix dans ma tête se tairaient pour toujours.
  La vie accorde à chacun de nous quelques rares moments de bonheur total. Ce sont parfois des jours, parfois des semaines. Parfois même des années. Tout dépend de la chance. Leur souvenir nous accompagne à jamais et se transforme en une contrée de la mémoire où nous tentons de retourner le reste de notre existence sans jamais y parvenir.

                                    Carlos Ruiz Zafón, Marina

Le mystère de la fiction et du langage


   - Jamais je ne m’étais sentie prise, séduite et emportée par une histoire comme celle que racontait ce livre, expliqua Clara. Pour moi, la lecture était une obligation, une sorte de tribut à payer aux professeurs et aux précepteurs sans bien savoir pourquoi. Je ne connaissais pas encore le plaisir de lire, d’ouvrir des portes et d’explorer son âme, de s’abandonner à l’imagination, à la beauté et au mystère de la fiction et du langage. Tout cela est né en moi avec ce roman. As-tu déjà embrassé une fille, Daniel ?
   Mon cervelet s’étrangla et ma salive se transforma en sciure de bois.
    - Bien sûr, tu es très jeune. Mais c’est la même sensation, cette étincelle de l’inoubliable première fois. Ce monde est un monde de ténèbres, Daniel, et la magie une chose rare. Ce livre m’a appris que lire pouvait me faire vivre plus intensément, me rendre la vue que j’avais perdue. Rien que pour ça, ce roman dont personne n’avait cure a changé ma vie.

          
                Carlos Ruiz Zafon, L'ombre du vent

vendredi 9 mai 2014

Reine des fleurs



Epanouie, la rose se vante d’être belle
Et  du mouvement de  ses pétales, elle forme une aile !
Tandis qu’elle commence à fleurir
La main ne peut s’empêcher de la cueillir !
Reine des fleurs, son silence est d’or
Et dans le jardin sa couleur est l’unique décor !
Les poètes l’ont chantée telle une merveille
Et Ronsard la célébrait  dans sa robe au soleil !

                   Majdouline Borchani


mercredi 7 mai 2014

Le coquelicot et le vent




  - « Fleur fragile, dit le vent, tu ne peux résister à ma brise ! »

  - « Je suis une fine fleur gracieuse  et sur  le rythme de ta brise je suis une souple valseuse, répond le coquelicot. J’embellis  les champs tel un joli tapis et ma couleur rouge sang te séduit tant que je danse sur ma  tige velue ».

  - « Belle danseuse, ajoute le vent, les poètes ne t’auraient jamais admirée si je ne t’avais sifflé mon air doux ! »

  - « Doux vent, dit le coquelicot, mon parfum enivre les abeilles chaque matin et mon grain de beauté sur mes fines pétales attire peintres, poètes et écrivains !

                     Majdouline Borchani





samedi 3 mai 2014

La retrouvaille du temps perdu



« La vie accorde à chacun de nous quelques rares moments de bonheur total. Ce sont parfois des jours, parfois des semaines. Parfois même des années. Tout dépend de la chance. Leur souvenir nous accompagne à jamais et se transforme en une contrée de la mémoire où nous tentons de retourner le reste de notre existence. »            Carlos Ruiz Zafón, Marina


    
    Le 26 avril 2014, balade dans les Borjs mais aussi balade dans l’enfance. Je revoyais la maison de mes grands-parents à travers les patios, les portes, les fenêtres, les escaliers, le toit, les étagères, les horloges, les meubles… Il ne reste que de vagues  souvenirs… Les héritiers l’ont vendue…
   Je voyais et j’admirais cette vaste demeure imposante de ses murailles ! Ce Borj, ce nom arabo-sfaxien  emprunté à la forteresse !
   Tout a commencé par le mot «  El Borj » et me voilà conduite vers le circuit culturel « SOS Borj en péril ».
   Dès que j’ai franchi le seuil de la porte, je me suis vue dans ma mémoire… Mes larmes ont coulé… J’ai vu mon passé revenir avec regret… Je me suis attardée devant la fenêtre en fer forgé… Je l’ai admirée puis je l’ai éternisée par mon appareil ! Non !!! Elle est déjà gravée dans l’appareil photo de ma mémoire mais elle jaillit de nouveau comme si elle cherchait l’indice qui la transportait  ailleurs…

   


                                                Le fer forgé et la vitre : Histoire d'une vie

   J'étais fascinée par les différents arcs de ce métal... Je voyais une énigme derrière chaque motif... Chaque vitre raconte une vie... Chaque reflet est un voyage dans la mémoire...





   En entrant dans le patio, l’étagère fixée au mur me rappelait celle de mes grands-parents… une œuvre d’art que ma mère avait héritée de ses parents, une pièce artistique que j’ai restaurée de mes propres mains afin de faire renaître les motifs usés par le temps…

                              

                                      Etagère chez Borj Echaffai


   Le tamis ! 


                                     Décor au tamis chez Borj Rekik
   
   Qui d’entre nous, ayant vécu au Borj, n’a pas de souvenirs avec les tamis ?
   C’était le jour de «  Fetlèn el aoula » ; toutes les femmes se réunissaient, de bon matin, chacune avec son tamis, pour aider la maîtresse de la maison à faire glisser tendrement les grains de semoule, mélangés à l’eau salée, pour les transformer en couscous ou m’hamass. Durant leur œuvre, les femmes s’échangeaient  les histoires et se partageaient les expériences…


   Mes cousines et moi nous nous réjouissions quand on nous donnait un tamis de couscous pour le verser sur le drap étalé sur la terrasse…  C’était pour moi, un pur moment de bonheur quand je caressais les petites boules en train de sécher sous le soleil…



   Pendant mon parcours des Borjs, je n’ai pas raté de monter les escaliers,  Je marchais sur le toit et  m’évadais dans le temps et dans l’espace… Je me réjouissais d’être seule et  libre… comme je le faisais quand j’étais enfant…





   Porte fermée... 
    




  Lumière éteinte... 




  Parcours nostalgique...
      Voyage dans la mémoire...
          Vie dans le passé...
              Larmes au présent...
                  Retrouvaille du temps perdu !

                                         Majdouline Borchani





                

jeudi 1 mai 2014

L'abricot



Dans son  abricotier, je le caresse, ce fruit soyeux !
Et entre les doigts, je le divise en deux…
Chaque coquille est un soleil qui brille !
Et sous mon regard, elle se pique un fard !
Je ne peux m’empêcher de le goûter
Pour  savourer ses fibres au suc  mielleux ! 
               
                                 Majdouline Borchani