jeudi 28 juillet 2016

Le pouvoir de la méditation



   Au cours de l’hiver 1985, dans un monastère plein de courants d’air perché dans l’Himalaya au nord de l’Inde, des moines bouddhistes tibétains plongés dans une profonde méditation étaient assis en un silence complet.  Même s’ils n’étaient que légèrement vêtus, ils paraissaient inconscients du froid qui régnaient de l’intérieur et qui approchaient du point de congélation. Un autre moine passa entre eux, enveloppant chacun d’un drap qui avait été trempé dans l’eau froide. De telle conditions extrêmes plongeraient normalement le corps dans un état de choc et ferait rapidement baisser sa température interne. Si la température du corps descend de seulement 7° C (12° F), au bout d’à peine quelques minutes une personne perdra conscience et tous ses signes vitaux seront de plus en plus faibles.
   Au lieu de frissonner, les moines se mirent à transpirer et de la vapeur s’éleva  bientôt  des draps mouillés. Environ une heure plus tard, ces derniers étaient complètement secs. Le moine de services remplaça les draps secs par de nouveaux draps aussi trempés dans l’eau froide. A ce moment là le corps des moines était devenu l’équivalent d’une fournaise. Ces draps furent séchés en moins de deux, de même  qu’une troisième série de draps.
  Une équipe de scientifiques dirigés par Herbert Benson, un cardiologue rattaché à la faculté de médecine de Harvard, se tenait tout près et examinait les donnés recueillis par une batterie d’appareils médicaux auxquels les moines étaient reliés, afin d’identifier le mécanisme physiologique particulier permettant au corps de générer cette quantité extraordinaire de chaleur. Depuis plusieurs années, Benson explorait les effets de la méditation sur le cerveau et sur le reste du corps. Il s’était lancé dans un ambitieux programme de recherche, étudiant des moines bouddhistes vivant dans divers monastères isolés autour du monde et ayant consacré de nombreuses années à une pratique assidue et méthodique de la méditation. Au cours d’un voyage dans l’Himalaya, il avait également filmé des moines, vêtus seulement d’un châle léger, alors qu’ils passaient une glaciale nuit de février à l’extérieur sur une saillie montagneuse à 4600 mètres au-dessus du niveau de la mer. Le film de Benson montrait qu’ils avaient dormi à poings fermés toute la nuit, sans vêtements ni abri pour se protéger du froid.
   Au cours de ses voyages, Benson fut le témoin de nombreuses prouesses extraordinaires illustrant le pouvoir de l’intention, comme une maîtrise de la température du corps ou de son métabolisme pouvant même engendrer un état comparable à la l’hibernation.  
   L’enthousiasme persistant de Benson pour la méditation suscita l’intérêt d’autres chercheurs dans les principales institutions universitaires d’un bout à l’autre des Etats-Unis. Vers la fin du XX ème siècle, les moines étaient devenus les cobayes favoris des laboratoires de neurosciences. (…) Des conférences entières furent consacrées à la méditation et au cerveau.
   Ce n’était pas tant la méditation qui fascinait ces scientifiques que ses effets sur le corps humain, et plus particulièrement sur le cerveau, ainsi que les possibilités que cela laissait entrevoir. En étudiant si minutieusement les effets biologiques, les scientifiques espéraient comprendre les pensées focalisées, comme celles des moines dans l’Himalaya.

       
             LYNNE MCTAGGART,  La science de l’intention (p113, 114, 115)

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