dimanche 2 juin 2013

Tant qu’il y a de la vie, il y a de l’espoir



      J’ai vu la violence aux quatre coins du monde. Je me souviens qu’une fois, au Liban, peu après la guerre dévastatrice, je me promenais dans les ruines de Beyrouth avec une amie, Söula Saad. Elle m’expliquait que sa ville avait déjà été détruite sept fois. Je lui ai demandé, sur le ton de la plaisanterie, pourquoi ils ne renonçaient pas à reconstruire, et ne s’en allaient pas ailleurs. « Parce que c’est notre ville », a-t-elle répondu. « Parce que l’homme qui n’honore pas la terre où sont enterrés ses ancêtres sera maudit à tout jamais. »
     L’être humain qui ne rend pas honneur à sa terre se déshonore. Dans l’un des classiques mythes grecs de la création, un dieu, furieux que Prométhée avait volé le feu et avait donné ainsi l’indépendance à l’homme, envoie Pandore se marier avec son frère, Epiméthée. Pandore porte une boîte, qu’il lui est interdit d’ouvrir. Cependant, comme il arrive à Eve dans le mythe chrétien, sa curiosité est la plus forte : elle soulève le couvercle pour voir ce que la boîte contient, et à ce moment, tous les maux du monde en surgissent et se répandent sur la Terre. 
     Seul reste à l’intérieur l’Espoir. 
    Alors, même si tout dit le contraire, malgré toute ma tristesse, ma sensation d’impuissance, même si en ce moment je suis quasi convaincu que rien ne va s’arranger, je ne peux pas perdre la seule chose qui me maintient en vie : l’espoir – ce mot qui a toujours suscité l’ironie des pseudo-intellectuels, qui le considèrent comme synonyme de  tromperie ». Ce mot tellement manipulé par les gouvernements, qui font des promesses en sachant qu’ils ne vont pas les accomplir, et déchirent encore plus les cœurs. Très souvent ce mot est avec nous le matin, il est blessé au cours de la journée, meurt à la tombée de la nuit mais ressuscite avec l’aurore. 
     Oui, il existe le proverbe : « Contre la force, il n’y a pas d’argument. » 
     Mais il existe aussi cet autre : « Tant qu’il y a de la vie, il y a de l’espoir. » Et je le garde, tandis que je regarde les montagnes enneigées à la frontière chinoise.


                Extrait de "La boîte de Pandore" de Paulo Coelho

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